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Petit tabuc / mars 2021

« Une lettre d’EDSB a été  envoyée  en janvier 2021 (par courrier séparé de ses factures)  à tous ses clients. Cette lettre présente fort avantageusement le projet Petit Tabuc et blâme  les associations de défense de l’environnement  en les accusant d’être hostiles à l’énergie renouvelable et d’empêcher d’atteindre les objectifs de la COP 21, suite à leur recours contre le projet du petit Tabuc. Les associations mises en cause ont diffusé un communiqué de presse (ci dessous) , à la suite duquel le Dauphiné libéré a publié un article (ci dessous) . En même temps, le coût pour la collectivité d’un petit projet hydroélectrique a été évalué à 3 millions d’euros sur 20 ans de subventions pour le projet Petit Tabuc dont l’apport à la transition énergétique est dérisoire mais l’impact  très destructeur sur le site et la nature (article1 Pulou ) , et d’autres solutions plus efficaces ont été comparées (autre article Pulou). La transition écologique ne doit pas faire disparaître la vie dans nos cours d’eau

Microcentrales sur les Tabuc

Deux projets de microcentrales hydroélectriques sur les Tabuc sont portés par EDSB  (Electricité, Développement, Services du Briançonnais) sur la commune du Monêtier les Bains. Ces projets font suite au déclassement de ces torrents de la catégorie 1 (des torrents non aménageables), expliqué par un « projet jugé stratégique pour notre département » en 2013.

Le projet Petit Tabuc a été présenté au public le 28 septembre dernier, il s’agit d’une installation d’une puissance inférieure à 0,5 MW bénéficiant de conditions restées très favorables au développement de toutes petites installations, pour lesquelles le système antérieur d’obligation d’achat  à prix garanti est conservé.  Cette garantie rend l’affaire particulièrement rémunératrice pour la ville de Briançon, principal actionnaire de l’aménageur, EDSB. Le mécanisme est le suivant : toute l’électricité produite (estimée à  un peu moins de 2,5GWh)  serait immédiatement évacuée par le réseau ERDF et revendue à EDF à un prix qui peut être estimé autour de 120 euros le MWh (selon les dernières analyses de la CRE, Commission de Régulation de l’Energie). Il faut savoir qu’au cours de la même année EDSB, en tant que distributeur local d’électricité, se fournit auprès d’EDF au tarif de cession qui devrait, pour 2017, atteindre 32,8 euros le MWh environ.

Si on ajoute le fait que cette électricité sera produite pour la plus grande partie à la fin du printemps et en début d’été alors que le prix de revente par EDF de l’électricité excédentaire peut devenir négatif (l’offre excédant la demande sur les marchés internationaux), on peut s’interroger sur l’opportunité d’une telle atteinte à l’environnement et à l’état écologique du torrent que la directive cadre européenne sur l’eau impose de ne pas dégrader, d’autant plus que cette  installation de puissance inférieure à 500KW ne peut être considérée comme « stratégique » pour notre département.

Il y a clairement ici divergence entre intérêt collectif et intérêts privés (des hydroélectriciens) du fait de la rente induite par le mode actuel de soutien public aux énergies renouvelables. Cette rente inquiète notamment la CRE qui dénonce le risque de rentabilité excessive de certaines installations excédant une rémunération normale des capitaux investis et propose d’instaurer un plafond. Par exemple dans le projet Petit Tabuc, les installations seraient amorties en moins de 10 ans, cela en dépit d’un temps de fonctionnement assez limité  au cours de l’année lié à une fermeture probable l’hiver (gel,  débit insuffisant).

Sans les « subventions d’exploitation » perçues par EDSB au titre de la CSPE (contribution au service public de l’électricité) pour sa contribution aux énergies renouvelables qui s’élèvent à 1 517 K€ en 2014 et 1 783 K€ en 2015, les résultats mirobolants d’EDSB : 1 010 K€ en 2014 et 846 K€ en 2015 (après impôts !) seraient de moins 507 K€ en 2014 et de moins 937 K€ en 2015.

Ces subventions aux énergies renouvelables estimées globalement à  4,7 milliard d’euros en 2016 sont financées par une majoration du coût de l’électricité bien visible sur nos factures : la CSPE, en augmentation de plus de 11% d’une année sur l’autre.  Ce mécanisme devait être réformé en 2016, mais la réforme a finalement été décalée d’une année par le gouvernement.  L’arrêté fixant les tarifs d’achat n’est pas non plus sorti.

La prise de conscience des effets pervers de ces incitations est en cours, mais les réformes tardent.

Aurait-on  dans l’intervalle retrouvé la recette de « la manne de Briançon » ? Quoi qu’il en soit, si ce projet constitue  bien une manne pour cette commune, sa contribution aux énergies renouvelables est assez dérisoire et tout à fait discutable et son effet sur l’environnement local néfaste.